Ça y est, nous y sommes. Voilà l'une des raisons qui m'ont poussé à quitter Paris : la séance de dégustation.
Et pas n’importe laquelle, c’est aujourd’hui que nous allons élaborer les vins du millésime 2011 qui seront mis en bouteille d’ici peu. Plus d’une quarantaine d’échantillons se succèdent sur la table provenant de chacune des parcelles du Domaine : celles situées en vin de pays jusqu’à celle de Farguerol d’où provient la Centenaire.
Le jeu consiste à goûter (à 8h30 du matin…) chacun des échantillons présents et élaborer le meilleur assemblage possible pour les différents vins de la gamme : grosse modo 80 vins à tester. Ce travail s’effectue en équipe : mon père, Jérémie, le maître de chais, le « flying winemaker » local, Philippe Cambie ainsi que Julien et moi. La difficulté consiste à mémoriser les caractéristiques de chacun des échantillons dégustés mais également à déterminer quel va être son apport dans un assemblage complexe : va-t-il apporter de la fraîcheur grâce à un fruit bien présent, de la structure grâce à des tanins puissants, etc...
Pour les 10 premiers échantillons tout va bien : je sens, je bois, je me tais. Je les laisse parler d’arômes de chocolat, de myrtilles, de mûre fraîchement cueillie, de légère acidité qui permet de conserver une bonne tension au vin en finale…
Entre le 10ème et le 20ème, les choses se compliquent : le reste de l’équipe s’emploie efficacement à établir le meilleur assemblage en se souvenant parfaitement des qualités du 1er échantillon alors que j’en suis à essayer de garder un regard vaguement éclairé en tentant de me rappeler les qualités de l'échantillon précédent.
A partir du 30ème, tout s'embrouille et je préfère laisser les spécialistes finir l'exercice.
Ce qui est néanmoins étonnant est de voir qu'un changement somme toute minime dans un assemblage, par exemple accroître la part de syrah de 2%, peut totalement modifier sa physionomie en lui rajoutant cette touche de structure ou du fruit qui lui faisait défaut auparavant.
Parution : 18/09/2013